mercredi 27 février 2008

L'inflation, une fatalité ou un choix économique?

Entre 1980 et 2000, magnifique période de désinflation favorable aux actifs financiers. Cette période de désinflation exceptionnelle n'a été possible qu'en imposant au monde entier un nouveau concept, celui de la mondialisation des échanges c'est à dire la mise en concurrence de systèmes économiques totalement décalés afin de faire pression sur les prix et trouver des relais de croissance. On a prôné la suppression, si possible totale, des BNT ( barrières non tarifaires), des droits de douanes et de toutes les entraves à la circulation des marchandises. On a ainsi mis en concurrence des pays à bas coûts salariaux avec des pays en phase de développement économique avancé où les populations, dans ces derniers, aspiraient à un bien être social, cad des vacances, des loisirs, du plaisir.

Cette mise en concurrence ( déloyale) est le facteur clé, à mes yeux, de cette désinflation. L'inflation a donc disparu des radars de nos BC, les économistes ont considéré cette menace comme définitivement éteinte car, selon eux, ce sont les BC qui ont correctement maîtrisé les risques inflationnistes. C'est faux, en grande partie selon moi, car elles n'ont fait que profiter des effets de l'abus de mondialisation. Bref, les actifs financiers sont devenus les actifs à détenir. Les actifs réels tels que les matières premières, le pétrole, l'or ont été délaissés. 20 ans de désinflation et de désintérêt ont poussé les acteurs de la filière matière première à ne pas investir, à négliger l'amélioration de leurs mines..etc.

L'entrée de la chine à l'OMC, toujours souhaitée par les financiers, car formidable relais de croissance et de désinflation, a pu faire penser que nous étions partis pour encore 20 ans de désinflation prononcée. Erreur. Car s'il y a bien eu quelques années de désinflation, l'explosion de croissance de la chine, sa capacité à émerger en tant que puissance économique mondiale a surpris tous les analystes et changé la donne. La chine, qui devait être le facteur de désinflation bénéfique aux entreprises multinationales, se révèle être un facteur puissant d'inflation...et ce n'est que le début. C'est l'aspect fondamental c'est à dire qu'il y a auj des tensions certaines sur les matières premières nées d'un manque d'investissement dans les infrastructures et d'une explosion de la demande en provenance des pays émergents.

Sur cet aspect fondamental se greffe un aspect "spéculatif". En effet, les BC ont laissé filer des taux d'expansion monétaire à plus de deux chiffres pendant des années, ont laissé les banques attribuer des crédits à tout va, ont laissé une bulle financière et du crédit historique naître sous leurs yeux. Il y a peu, on lisait qu'il n'y avait jamais eu autant de liquidités dans le monde. C'est vrai, on a fait fonctionner à plein régime la planche à billets afin d'éviter un épisode de purge nécessaire. Tous ces billets flottent autour de notre planète. Tant qu'ils s'investissaient dans les actifs financiers, ce n'était pas désagréable pour les financiers. Pas d'inflation, explosion du capital...
L'abus est arrivé avec la titrisation car on est allé tellement loin que cela a débouché sur un crédit crunch cad le pire des scénarios. Cela, on l'avait dit bien avant que cela n'arrive. Ce crédit crunch signifie fin de la partie, du moins pour un moment, de ce cycle assez exceptionnel de hausse des actifs financiers au détriment des actifs réels. Dès lors, ces montagnes de liquidités devaient trouver de nouveaux supports....ils se dirigent en masse vers les matières premières.

On disait que Greenspan était à l'origine de la bulle du crédit, Bernanke sera à l'origine de la bulle sur les matières premières, et cela, ce sera beaucoup beaucoup plus grave car le monde entier va en souffrir. On s'en moque de voir l'immobilier perdre 15/30% de sa valeur, c'est arrivé en 90/94, ce n'était pas préjudiciable à la majorité des citoyens et des consommateurs, cela faisait parti de cycles. Sauf que ces cycles, ils ont voulu les gommer..c'est l'erreur fondamentale. Ies financiers ne supportaient plus de subir un cycle, même minime, de perte en capital ( dans l'immo ou les actions) alors on faisait pression sur les BC pour qu'elles appuient sur le bouton imprimer.

A cela, il faut ajouter, qu'à la différence des années 70, un évènement majeur va intervenir..il s'agit du peak pétrolier ou plutôt d'un plateau de production..La chine continuera à accroître ses besoins..et la masse de liquidités est encore prête à bondir sur ce qui peut engendrer des plus values. C'est la raison pour laquelle, comme certains, je pensais que nous étions au devant d'un nouveau cycle, inflationniste celui-là, dont les principaux bénéficiaires seront les matières premières et l'énergie...pour un bon moment. C'est la raison pour laquelle je suis rentré assez tôt sur l'or...relique barbare des années 80-2000.....Finalement, ces choix de politique monétaire menés par Greenspan et Bernanke ont un impact direct sur le phénomène inflationniste que nous vivons et l'aggravent. C'est mon avis.

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