mercredi 20 février 2008

"Je te tiens par la barbichette !"

FLASH numéro 53 -

Je te tiens par la barbichette !

Prigest gestion

« Vous avez aimé les subprimes en 2007, vous allez adorer les monolines en 2008 ! »Il y a une année, pratiquement jour pour jour, les investisseurs ont découvert les subprimes : la saga a coûté quelques 500 milliards de dollars à la finance mondiale, alors que les épargnants ignoraient tout du nom même subprime, a fortiori des dégâts qu’ils allaient représenter.Le film de 2007 à peine épuisé en salle qu’un nouveau film à gros budget est sorti des studios : les monolines. Les producteurs sont les mêmes, les acteurs sont peu connus du grand public, les spectateurs ont déjà vu le premier film et les distributeurs ont fermé les portes des salles pour la seconde séance : les clients sont piégés et condamnés à suivre le scénario jusqu’au bout, une histoire horrible qui dépasse les espoirs des scénaristes. Pour l’instant le budget est estimé à 2.400 milliards de dollars ; et les oscars au bout du chemin.Tout cela pour en arriver à 1929.

Inconnus de tous il y a encore quelques mois, les mécanismes des subprimes sont aujourd’hui familiers et les effets sans doute circonscrits. Pour les monolines, il s’agirait d’une masse considérable d’engagements divers un peu partout, garantis par des rehausseurs de crédit. Eux-mêmes, ces rehausseurs étaient bien sûr notés (rated) A.A.A., la crème de la crème. Là où les choses se gâtent, c’est que ces monolines, avec des noms comme MBIA, Ambac et FGIC, des rehausseurs de renom, ont d’un coup flanché, leur propre lustre perdant leur brillant ! C’est là qu’intervient 1929 : si ces 2 400 milliards sont brutalement dégradés, c’est un effet systémique et dévastateur pour toutes les institutions financières qui croyaient avoir dans leurs livres du A.A.A., exactement comme les papiers titrisés A.A.A. qui, dans le cas des subprimes, décotent maintenant parfois de 40%.. Du coup, plus personne ne faisant confiance à personne, c’est le risque de dépréciation des 2 400 milliards de monolines, des faillites en chaîne de banques et de compagnies financières. C’est 1929 avec ses conséquences boursières… économiques et sociales.

Pour mémoire, lors de la crise de 1929, la bourse de New-York (Wall Street) a reculé de 84% ; la baisse de 2007-2008 fait encore pâle figure. Les observateurs et gérants de portefeuilles réalisent enfin pourquoi des paquets de titres de qualité arrivent chaque jour sur les marchés, pour vente à tout prix, venant des Etats-Unis et bien sûr de Londres. A New-York, les opérateurs inhibés par 1929 savent que tout est encore très cher, trop cher en cas de dépression mondiale généralisée. Un scénario noir, tout noir !

Dans ce jeu de dominos, tout le monde se tient par la barbichette....Alors 1929-2007, même combat? Non!

Avec cette analyse qui reste succincte, deux différences majeures :

1- il y a 78 ans, la globalisation n’était pas ce qu’elle est en 2007 et en particulier la concertation entre argentiers, banquiers centraux et autres FMI, G8, Berd, Banque Mondiale, Eurofin… n’existait pas. C’était chacun chez soi, chacun pour soi. Aujourd’hui Darling, Trichet, Bernanke, Fukui se parlent tous les jours, même si cela ne se voit pas, même si l’un donne l’impression d’une gestion courtermiste et l’autre d’être têtu…

2- des cartes gagnantes existent pour sortir le monde capitaliste de l’impasse dans laquelle il s’est fourré. Le premier à tirer fut Warren Buffett - encore lui - avec la proposition très floue de garantir 800 milliards de dollars des monolines. Cela ferait le tiers du chemin vers l’apaisement, le relais étant pris par les fonds souverains. Ce sont ces derniers qui, aujourd’hui, forts de quelques 3 000 milliards de dollars, viendraient éviter l’accident. En effet, pour les pays émergés, l’intérêt est double : d’une part s’assurer que les économies continuent à tourner, faute de quoi le pétrole filera vers les 20 dollars et les chinois ne vendront plus de poupées (Barbie) et de cocottes (Seb), ce qui l’année des Jeux Olympiques ferait mauvais effet ; d’autre part c’est une façon pour ces nouvelles puissances venues de l’Est, de s’imposer aussi dans le contrôle financier de la planète - terre.

Merci pour tout !

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