dimanche 30 mars 2008
L'immobilier ne baisse jamais...
Petit travail remarquable de Patricia qui a retrouvé la "une" des journaux de l'époque 1990-1992.
En 2008, nous sommes en 1990. Le mot d'ordre est "remontée des stocks mais stagnation des prix". Dans un an, profitez des soldes.... Dans deux ans, c'est la crise mais nous sommes au creux de la vague. Dans trois ans, c'est un Krach immobilier...fuyez.
A ce moment là, ce sera le moment d'envisager un achat ou un investissement dans la pierre sur le LT car la purge de cette bulle immobilière, bien plus importante qu'en 1990, implique une longue phase de correction. Je table au minimum sur 2015 avant une reprise d'un marché haussier sur l'immobilier.
Heureusement, l'inflation viendra atténuer le sentiment de perte de richesse mais, en termes réels, la correction sera plus profonde que sur la période 1990-1997.
Le plus gros de la crise financière est-il passé?
http://www.banqueducanada.ca/fr/rsf/2007/evol_recente0607.pdf
http://www.ci.com/perspectivef/pdf/signature/winter_2007.pdf
http://www.ci.com/perspectivef/pdf/sterling/200612_f.pdf
http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/discours/20070405.pdf
http://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/rsf/2006/chroni3_1206.pdf
Ce dernier document est particulièrement digne d'intérêt. L'analyse prospective qui avait été menée par la banque de France sur les conséquences d'un retournement de conjoncture se révèle, un an aprés, tout à fait pertinente. Il était donc possible de prévoir cette crise systémique, de tenter de raisonner les banques ou de pousser les régulateurs à plus de contrôle.
Malheureusement, comme toujours, il faut attendre la chute du système pour entendre les protagonistes du secteur appeler à une plus grande régulation, ce que vient d'annoncer le président américain ces derniers jours...
Extrait de ces documents:
Banque de france:
Le principe:
"Avec la possibilité de transférer les risques, les banques
— et notamment les plus grandes — ont considérablement
modifié leur comportement. Elles sont ainsi passées d’un
schéma statique où elles conservaient à leur bilan pendant
plusieurs années le risque de crédit, à un schéma dynamique
où elles peuvent se défaire de ce risque en le transférant au
marché ; ce qui leur permet de se réorienter vers des activités
rémunérées par des commissions (conseil, négociation,
structuration), réputées moins risquées et plus stables.
Au niveau de l’ensemble du système financier, ce mouvement
peut conduire à une meilleure répartition du risque.
• l’arrivée de nouveaux entrants non bancaires favorise une
plus grande dispersion du risque et une plus grande efficience
des marchés. Ainsi, les grands investisseurs institutionnels
(OPCVM, fonds de pension, sociétés d’assurance) ont accru
leur exposition aux instruments de transfert de risque, même si
leur politique reste relativement conservatrice. Ils apparaissent
ainsi davantage attirés par les produits de titrisation classique
et par les CDO, en particulier les tranches senior qui sont les
mieux notées. En Europe, ces investisseurs représentent 46 %
des engagements sur le segment des ABS."
46% des investisseurs sur le segment des ABS sont des institutionnels hors secteur bancaire....Quid de leur dépréciation afin de refléter la correction brutale de la valeur de ces actifs?
"les dérivés de crédit permettent de transférer le risque
de défaut sans modifier la propriété juridique de la créance
initiale ni mobiliser de refi nancement. Ils ont de ce fait connu
un essor rapide en Europe. Les swaps de défaut individuels
(credit default swaps ou CDS) protégent leur utilisateur contre
le défaut d’une entreprise ou d’un État souverain, en échange
du paiement d’une prime d’assurance. Les CDO synthétiques
sont des titres complexes représentatifs d’un portefeuille
de CDS, qui est découpé en tranches (senior, mezzanine,
equity) de profils rendement-risque différents. Le marché est
en forte expansion et l’encours notionnel est passé de moins de
1 000 milliards de dollars en 2001 à 26 000 milliards de dollars à
fi n juin 2006, soit un doublement de l’encours chaque année."
La réalité, transformer le plomb en or:
"ce genre d’opération permet à une partie
importante d’un fond commun regroupant des prêts ou des
obligations à risque élevé (cote BBB ou moindre) de quelque
100 émetteurs de différents secteurs et de différentes régions
géographiques d’acquérir les caractéristiques en matière de
risque d’un titre coté A."
Utilisation de l'effet de levier:
"Les gestionnaires de fonds distincts sont également d’importants
intervenants dans le marché des dérivés de crédit.
Pour financer leurs achats, ils effectuent des emprunts (auprès
des mêmes banques d’investissement qui sont à l’origine de
la titrisation des créances) à des taux moins élevés afin de
bénéficier de l’écart. Leurs rendements reposent donc sur
une utilisation très importante du crédit. La Federal Reserve
Bank of New York examine actuellement les contrôles mis
en place par les banques commerciales pour encadrer ce
type de crédit. Toute volte-face de la part des agences de
cotation de titres ou des prêteurs des fonds distincts déclencherait
un dégagement massif. Comment les marchés de
crédit réagiraient-ils alors?"
Le risque majeur:
"Qui sont donc les acheteurs?
Principalement les institutions, soit les assureurs, les caisses
de retraite, les gestionnaires de fonds, les banques, les fonds
distincts et les autres entités qui cherchent à maximiser
leurs revenus et bataillent pour déployer des capitaux. Les
CLO et les CDO offrent des rendements élevés sur des produits
à cote élevée, permettant ainsi aux gestionnaires de
placements de surclasser leur indice tout respectant leurs
contraintes en matière de cotation de titres."
"Existe-t-il vraiment un marché pour tous ces prêts de mauvaise
qualité? Les banques, estimant qu’elles n’ont pas le choix,
ont trouvé une façon innovatrice de maquiller l’ampleur du
phénomène en titrisant ces prêts et en les vendant à de nouveaux
intervenants tels les assureurs."
Un petit article récent:
"Subprime: jusqu'à 600 milliards d'euros de pertes mondiales (BaFin)
Samedi 29 mars 2008 (Belga)
L'autorité allemande de contrôle du secteur bancaire (BaFin) estime que la crise financière pourrait entraîner des pertes allant au pire jusqu'à 600 milliards d'euros pour les institutions financières du monde entier, rapporte l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi."Selon la situation du marché et les connaissances actuelles, nous estimons plus probable un montant de 430 milliards de dollars", selon un document interne de la BaFin, cité par le magazine. Les pertes reconnues par les institutions bancaires en raison de la crise financière provoquée par les crédits immobiliers à risques sont évaluées par la BaFin à 295 milliards de dollars, et environ 10% de cette somme pèse sur les banques allemandes, rapporte Der Spiegel. Les experts de la BaFin redoutent que la crise financière gagne "d'autres institutions financières en dehors du secteur bancaire", comme les fonds spéculatifs, les assurances et caisses de retraite. "
A partir de ces éléments concrêts, nous voyons que la crise n'en est qu'à ses débuts, pour une simple raison....les destinataires de ces produits ne se sont pas encore manifestés. Il s'agit des assureurs, des fonds de pension et HF. Mon sentiment est que ces institutions, dont la mission est de collecter l'épargne des ménages, ont plongé dans ce phénomène "titrisation" en raison de la faiblesse des rendements offerts par les autres classes d'actifs notamment l'obligataire "traditionnel".
Les dépréciations constatées par les banques depuis quelques mois ne sont, finalement, que le fruit de la réintégration au sein de leurs bilans des crédits logés au sein des SIV. Les banques étaient aussi tombées dans leur propre piège, comme le souligne à juste titre Marc Fiorentino, à savoir croire que le plomb s'était réellement transformé en or.
http://www.wegelin.ch/xfer/print/new/Wegelin_Evenement_20080311_KonradHummler_LaCriseDuMarcheDuCreditEtSesConsequences_fr.pdf
Le graphique représentant des tranches d’asset-backedsecurities(ABS), avec les notations correspondantes est édifiant. On peut y relever la perte de valeur de marché de ces instruments sur quelques mois. La valeur de ces instruments s'est écroulée. On peut en déduire assez facilement que les dépréciations déjà engrangées ne refètent pas encore le niveau réel de cette correction, et cela, simplement au niveau bancaire.
Le plus grave et le plus risqué à mes yeux n'est pas encore sorti du bois, il s'agit de l'exposition des fonds de pension et assureurs à ces instruments. Vu l'encours notionnel des dérivés de crédits mentionné dans les documents ci-dessus, vu l'ampleur de la correction sur la valorisation de ces instruments par le marché, il semble relativement évident que les dépréciations devraient porter sur plusieurs milliers de Mds de $.
La destabilisation du secteur de l'assurance et des fonds de pension pourrait avoir des répercussions encore plus graves sur le système financier. Quelle serait l'attitude des épargnants s'ils venaient à leurs oreilles des rumeurs de dépréciations massives au sein des portefeuilles gérés par ces institutions, nos fameux fonds "euro". Ces fonds "euro" sont composés classiquement de la manière suivante: 60/70% d'obligataire, 15/20% d'actions et 15/20% d'immobilier. La valeur des actions chute...la valeur de l'immobilier chute...
Conclusion personnelle que j'en tire, je crois que l'omertà en vigueur au sein du monde financier a pour but d'éviter un sentiment de panique et de perte de confiance totale dans le système. Car notre système financier est assis sur un fondement majeur, celui de la confiance, s'il s'éffrite ou pire s'il s'effondre, le système se brise. On parle ainsi de crise systémique.
Nous sommes en pleine crise systémique, c'est indéniable. Quelle en sera la portée?
A la lecture de ces documents et sur la base d'un raisonnement logique, il est difficile d'envisager la normalisation de cette crise mais on peut, au contraire, appréhender une accélération de celle-ci si les assureurs venaient à sortir du bois. Ils devront le faire tôt ou tard.
jeudi 27 mars 2008
Oil could go over $300
Friday, 7 Mar 2008
Surprise Friday
Every Friday Fast Money treats viewers to a surprise guest. This week we spoke with energy specialist Matt Simmons who told us oil could go over $300.
As you know already, oil prices made a new record on Friday after the weaker dollar and inflation sent prices above $106 a barrel. We thought you'd like hearing from Simmons, the Chairman of Simmons & Co., because his firm is the only independent investment bank specializing in the entire spectrum of the energy industry.
Founded in 1974, the firm has acted as financial advisor in over $123 billion of transactions, including 511 merger and acquisitions worth over $88 billion.
Following is a summary of the main points made by Simmons during his interview with the Fast Money traders.
You’re predicting $378 a barrel!?
“We don't understood the value of oil (domestically), replies Simmons. In England they’re paying the equivalent of $9 a gallon for gasoline. That translates to $378 a barrel and it’s having little impact on England's economy, right now.""The cost of oil is going up, he adds, it’s getting scarcer. We’re not going to run out but we are peaking.
”What about the Canadian oil sands? Won’t they save us?
“They are vast in quantity," replies Simmons. "But they require an unbelievable amount of energy to create oil. And what you end up with is low quality oil that has to be upgraded and blended with high quality oil to get synthetic crude.”
What’s the Club of Rome and how does it factor into oil production?“It’s a book that was written in 1970 by some futurists that were really worried that by 2050 we were going to start running out of things,” explains Simmons. “There was nothing in the book about running out of oil. That was just something people made up."
mercredi 26 mars 2008
La société Total annonce le peak oil !
Par Patrick Reymond
Cette déclaration est faite dans Capital par Christophe de Margerie, dirigeant du groupe Total.
Il met en exergue la production insuffisante, l'investissement défaillant. Total investit 75 % de ce qu'investit Exxon, deux fois plus gros que lui.Les états, de moins en moins inclinent à laisser faire les compagnies et brader leur ressources. Mais C. De Margerie devient totalement inconoclaste en se préoccupant aussi de REDUIRE LES CONSOMMATIONS.
Le capitalisme financier et boursicoteur se souci finalement très peu de l'essence même du capitalisme "Plaisir de l'accumulation au lieu de l'accumulation des plaisirs".Dans bien des domaines, ce plaisir, l'investissement (physique) a été comprimé au maximum, pour laisser place à la spéculation pure et dure.Et le spéculateur, lui, n'a pas à se préoccuper de satisfaire les besoins.Des besoins tendus lui conviennent tout à fait, que ce soit dans l'alimentation, l'énergie ou autre.Ce qui lui déplait, c'est l'abondance.
On est passé d'un monde, fin des années 1980, où on avait, partout dans le monde, massivement investi, à un monde où l'on ne recherche, ni n'investit plus rien. En effet, on se contente "d'explorer" les recherches anciennes des autres.Notamment en France, où on "exploite" les recherches du BRGM (Bureau des recherches géologiques et minières) en Afrique, au 19°siècle.
Il ne suffit pas de dire "on peut", il faut "faire". Et quand on peut investir, on peut tout à fait investir dans le renouvelable. "
http://www.leblogenergie.com/2008/03/nous-ne-sommes.html
Les tourments du marché chinois
Jim Rogers mettait en garde la communauté financière sur les conséquences d'un éclatement de la « bulle chinoise ». Et ce qui devait arriver arriva : les indices de Shanghai et Shenzhen sont en retrait de 31,4 % et 20,3 % respectivement depuis le début de l'année, ce qui pousse les pertes depuis le pic enregistré en octobre 2007 à 41,4 % et 27,2 %.
L'accélération des pressions inflationnistes (le CPI index est sorti à +8,7 % en février, un plus haut de 11 ans, une hausse causée en partie par de forts prix à l'alimentation (+23,3 % au cours du même mois)) et des tensions politiques, avec notamment des révoltes au Tibet et certaines provinces voisines, mettent la pression sur le pouvoir central pour maintenir une certaine « sérénité » à l'approche des jeux olympiques de cet été. Et une fois n'est pas coutume, même les promoteurs immobiliers chinois se retrouvent dans une situation complètement opposée à celle d'il y a six mois. Les prix de l'immobilier montrent des signes de faiblesse au moment même ou le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour limiter la progression du crédit.
Aussi, ces entreprises qui ont emprunté à la fin 2007 sont à court de cash et dans l'impossibilité de construire sur des terrains achetés au prix fort. Evergrande Real Estate Group, un développeur basé a Guangzhou, a dû remettre à plus tard l'introduction en bourse de son titre (qui aurait due avoir lieu la semaine passée), citant de mauvaises conditions de marché... La moitié du capital levé aurait dû servir pour payer des terrains achetés l'an passé ! Au bilan, la société reste criblée de dettes et on peut se poser des questions sur la solvabilité de celle-ci quand au même moment de nombreux acheteurs potentiels se rétractent et les prix des appartements chutent par endroits assez fortement.
M. Wang, président de China Vanke, un géant du secteur immobilier, annonce d'ailleurs qu'une baisse de 30 % serait un juste retour à la moyenne... Dans ces conditions, les mois à venir risquent d'être fort houleux en Chine et il ne faudrait pas grand-chose (comme une nouvelle accélération des cours des matières premières agricoles) pour mettre le feu aux poudres. Acheter des actions chinoises aujourd'hui reste prématuré. A suivre...
Source: Diapason commodities
mardi 25 mars 2008
Jim Rogers: 'Abolish the Fed'
Jim Rogers: 'Abolish the Fed'
By CNBC.com 12 Mar 2008 09:54 AM
Federal Reserve Chairman Ben Bernanke should resign and the Fed should be abolished as a way to boost the falling dollar and speed up the recovery of the U.S. economy, investor Jim Rogers, CEO of Rogers Holdings, told CNBC Europe Wednesday.
Asked what he would do if he were in Bernanke's shoes, Rogers, who slammed the Fed for pouring liquidity in the system and accepting mortgage-backed securities as guarantees, said: "I would abolish the Federal Reserve and I would resign."If this happened, "we don't have anybody printing money, we don't have inflation in the land, we don't have a collapsing U.S. dollar," he told "Squawk Box Europe.
"The Federal Reserve announced on Wednesday a rescue package that it would put around $200 billion into banks and investment houses and allow them to put up risky home-loan packages as collateral.Wall Street responded to the news with the biggest rally of the year, but Rogers reminisced of the 1970s, when the Fed printed money to avert a recession, boosting inflation and then forcing interest rates to more than 20 percent to keep a lid on price rises.
"No country in the world has ever succeeded by debasing its currency," he said.
"That's what this man is trying to do. He's trying to debase the currency as a way to revive America. It has never worked in the long term or the medium term."'Socialism for the Rich'The Fed's move to accept risky collateral is not part of the central bank's business, he added."What is Bernanke going to do? Get in his helicopter and fly around the world and collect rents? That's absurd," Rogers said.
A recession may be a good way to clean up the economy, while trying to prevent one may cost more and actually worsen the recession, Rogers said. Also, investment banks should be allowed to fail."Listen, investment banks have been going bankrupt since the beginning of time. If people make mistakes -- if you bail out every investment bank that gets in trouble, that's not capitalism, that's socialism for the rich," he said.
The weakest financial institution is Fannie Mae, in Rogers' opinion, "but all of them have problems."
Why the Fed MattersStock Picks to Beat RecessionTech, Infrastructure and Energy Stocks He said he had a short position on all investment banks and is buying agricultural commodities such as cotton, wheat, coffee and sugar and was also buying the Chinese yuan and the Japanese yen."
Buy agriculture. Agriculture is one of the few places where you're going to make a fortune in the next years," Rogers said.
samedi 15 mars 2008
"Ces élucubrations d'économistes en chambre"
La Tribune
Rien ne va plus. L'once d'or à 1.000 dollars, ce n'est pas seulement un record, ni un nouveau seuil qui est franchi, c'est aussi le reflet d'un tournant dans la crise que vit la finance mondiale depuis l'été dernier. Cette semaine, une semaine noire, tout est venu confirmer que l'Amérique était bien désormais en récession. Tout est venu démontrer aussi la puissance des effets dominos tant redoutés : la défaillance des familles américaines affecte tous les acteurs de la finance, tous les secteurs de l'économie aussi. Tout est venu démentir enfin les théories en vogue du " découplage ", ces élucubrations d'économistes en chambre qui soutenaient que cette crise resterait cantonnée à l'Amérique. La dérive du dollar semble désormais incontrôlable. Elle est un facteur général de déstabilisation - des marchés, des échanges et des économies. Elle alimente l'envolée des matières premières, de l'or notamment, redevenu une valeur refuge. Rien ni personne ne semble plus capable d'arrêter cette descente aux enfers du billet vert. Les banques centrales, unanimes, engagent un troisième plan de sauvetage, d'une ampleur exceptionnelle. Jean-Claude Trichet, le très prudent patron de la BCE, ose, une fois n'est pas coutume, parler clairement. Le président des États-Unis lui-même, George Bush, monte au créneau - il dénonce les effets négatifs d'un dollar faible pour le consommateur américain. Il fait aussi concocter par son grand argentier, Henry Paulson, une panoplie de mesures destinées à remettre de l'ordre dans la finance locale. Rien n'y fait. Face à la crise, la parole des grands argentiers apparaît dévaluée, celle de la Maison-Blanche aussi. On découvre ainsi une finance mondiale hors de tout contrôle, une crise de confiance sans égale. Et c'est cela qui est inquiétant. Ce qui peut rassurer, c'est que les dirigeants les plus concernés, ceux les plus susceptibles d'avoir une action réelle sur ce monde-là - l'exécutif américain et les patrons des grandes banques centrales - ont, semble-t-il, enfin pris conscience de l'ampleur de la crise, de la nécessité aussi pour eux d'agir. On se demandait à quoi pourrait bien servir, dans l'avenir, le Fonds monétaire international. Il y a là, pour lui, un job. Encore faudrait-il que ces messieurs acceptent de le lui confier. Seul, le FMI ne mettra pas fin à la crise. Il peut, il doit néanmoins y aider.
lundi 10 mars 2008
La mondialisation a sonné la fin du «bon temps» de l'inflation tranquille
«À bien des égards, le bon temps est derrière nous», a affirmé Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, qui organisait vendredi à Paris un colloque intitulé «Mondialisation, inflation et politique monétaire».
«La mondialisation a sans doute beaucoup aidé les Banques centrales au cours de la dernière décennie. Ce n'est plus, aujourd'hui, aussi évident», a-t-il souligné.
La mondialisation tempérait jusqu'à peu l'inflation, grâce aux biens fabriqués dans des pays à bas coût comme la Chine. Mais «la flambée des matières premières, notamment alimentaires», en raison d'un bond de la demande des pays émergents, a transformé l'intégration mondiale en vecteur de transmission des risques inflationnistes, a noté Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE). «En renforçant l'importance des chocs globaux [...], la mondialisation introduit une synchronisation plus poussée des cycles inflationnistes entre les pays, avec [des] risques d'amplification», renchérit M. Noyer.
L'inflation est au plus haut depuis des années dans la zone euro à 3,2 % sur un an en février, très au-delà de la limite de 2 % tolérée par la BCE. Aux États-Unis, la hausse des prix atteignait 3,7 % sur un an en janvier, son sommet depuis plus de 17 ans. Des chiffres d'autant plus inquiétants que «si l'économie des pays émergents résiste au ralentissement économique actuel, les prix des matières premières devraient rester élevés», remarque le numéro deux du Fonds monétaire international (FMI), John Lipsky. Les prix du pétrole semblent corroborer cette prophétie: depuis le début de la semaine, ils ont successivement franchi les seuils de 102, 103, 104, 105 $ le baril à New York, frôlant 106 $ jeudi.
Le regain d'inflation en Europe entrave l'action de l'institut monétaire européen en l'empêchant de baisser ses taux d'intérêt pour donner de l'air à l'économie européenne, confrontée à un net ralentissement économique. Aux États-Unis aussi, la mondialisation «rend plus difficile» la tâche des banques centrales, a admis Richard Fisher, président de la Banque de réserve fédérale de Dallas. Pour autant, M. Fisher a tenu à «décourager» ceux qui pensent que la Réserve fédérale américaine, face au nouvel accès de faiblesse des marchés boursiers ces derniers jours, va réitérer la baisse de taux rapide de 1,25 point de pourcentage du mois de janvier. «Je ne pense pas qu'on puisse avoir une croissance durable de l'emploi sans inflation sous contrôle, et c'est pour cela que je suis personnellement réticent à l'idée de baisser plus les taux d'intérêt» aux États-Unis, a-t-il fait valoir.
Déclarant qu'il «admire» la BCE et son président Jean-Claude Trichet, M. Fisher a insisté sur le fait que les banques centrales doivent rechercher «une croissance durable non inflationniste». La présidente de la Banque fédérale de réserve de San Francisco Janet Yellen croit elle que l'inflation va se tasser dans les années qui viennent, et retomber «sous 2 %» aux États-Unis. Une hypothèse toutefois fondée sur le scénario optimiste d'une croissance «modeste» des salaires et d'une stabilisation du prix des matières premières. Alors que l'inflation accélère même en Chine, le vice-président de la Banque centrale chinoise s'est simplement dit «confiant» dans le fait que hausse des prix se limiterait à un «niveau acceptable» cette année.
AFP Édition du lundi 10 mars 2008
Le futur du LNG
Source: Le blog énergie
Suite de l'article:
http://www.leblogenergie.com/2008/03/le-gaz-naturel.html
Un site à consulter également:
http://energie.sia-conseil.com/?p=769
dimanche 9 mars 2008
La finance est anormale
"Normalement, la crise du « subprime » n'aurait jamais dû arriver. D'ailleurs, il y avait une chance sur un million qu'elle éclate. Elle devait se produire une fois tous les 30.000 ans. Voilà ce que l'on entend parfois dans les salles de marchés ou les conseils d'administration. Ces lamentations ne constituent pas seulement l'expression d'un sentiment douloureux en ces temps de bonus ratatinés. Elles reflètent aussi l'écart entre « ce que disent les modèles » et la réalité. Comme si de malicieux lutins de la finance s'évertuaient à faire dévier les courbes que les humains s'échinent à prévoir. A moins que...
A moins que le problème soit dans le modèle et non dans la réalité. Ce qui permettrait de comprendre pourquoi les financiers se trompent avec une telle constance, gonflant bulle sur bulle depuis une génération - depuis les pays émergents au début des années 1980 jusqu'à la crise actuelle, en passant par les « savings and loan » à la fin des années 1980, le Mexique en 1994, l'Asie en 1997-1998, la quasi-faillite du fonds LTCM en 1998 et l'explosion de la folie Internet en 2000.En réalité, il y a une erreur fondamentale dans la finance moderne. Ce n'est pas la finance elle-même, comme on a parfois tendance à le croire en France. Le marché des changes est précieux, tout comme la Bourse, les titres de dettes, les produits dérivés et même la titrisation qu'il est de bon ton de mépriser par les temps qui courent.
Tout est utile dans la finance, comme tout est bon dans le cochon. Le problème est dans la façon dont nous la regardons. C'est bien le modèle qui est en cause, un modèle qui remonte très loin. Au début du XIXe siècle, l'Allemand Carl Gauss émet une hypothèse sur la probabilité des erreurs de mesure à propos des mouvements des étoiles. Dans sa lignée, ses successeurs traceront la fameuse « courbe de Gauss », qui dessine une distribution de probabilités. C'est une magnifique cloche : la probabilité d'un événement moyen est grande, la probabilité d'un événement extrême, dans la « queue » de la distribution, est infime.
Au milieu du XIXe siècle, Adolphe Quételet, qui fonda en Belgique le premier bureau statistique de l'histoire, montra que cette courbe s'applique dans nombre de cas. Dans une population, la plupart des hommes mesurent entre 1,60 mètre et 1,90 mètre et il y en a une très petite minorité qui font moins de 1 mètre ou plus de 2,50 mètre.La courbe de Gauss, bâtie autour de la moyenne, ou la norme, devient ainsi la loi « normale ». En 1900, elle entre dans la finance. Le mathématicien Louis Bachelier présente sa thèse, « La théorie de la spéculation », après avoir scruté les cours de la « rente perpétuelle », le milliard donné aux nobles émigrés sous la Révolutuion et revenus en France en 1815. Il montre que les variations de prix suivent une loi gaussienne, avec des mouvements browniens (des écarts aléatoires). Un demi-siècle plus tard, l'Américain Harry Markowitz propose le premier grand modèle de gestion de portefeuille d'actifs, lui aussi centré sur une loi de Gauss. Cette théorie lui vaudra le prix Nobel d'économie en 1990.Pourtant, au début des années 1960, un trublion, Benoît Mandelbrot, remet en cause le recours à la loi « normale ». Ce mathématicien a créé un étrange objet mathématique, les fractales, en observant une courbe des prix du coton. Les variations de prix ne suivent pas une loi de Gauss, affirme Mandelbrot, mais une loi de Pareto. Autrement dit, les « queues » de la distribution ne sont pas si fines que ça - les Anglo-Saxons parlent de « fat tales », qui donnent en français un peu élégant « queue épaisse ».
Des événements jugés très improbables dans la loi « normale » ne sont pas si improbables que ça dans la réalité. Les krachs et les booms peuvent donc exister... Mais, à l'époque, les mathématiciens ne savent pas encore traiter les hypothèses de Mandelbrot. Faute d'outil adapté, l'analyse financière se développe avec la loi « normale ». C'est encore le cas aujourd'hui. Un peu comme si nous allions toujours faire notre lessive au lavoir, parce que le lave-linge n'avait pas été inventé assez tôt...En 1973, deux économistes, Fisher Black et Myron Scholes, déterminent le moyen de calculer le prix d'une option sur action à partir d'hypothèses fondées sur la loi « normale ». Simple, élégante, la formule de Black et Scholes connaît un énorme succès. Elle pénètre absolument toute la finance moderne pour évaluer les risques : les salles de marchés, les écoles de commerce, les modèles des superviseurs et même les calculettes ! Myron Scholes aura d'ailleurs lui aussi le Nobel d'économie en 1997 avec l'un de ses collègues, Robert Merton (Black est décédé deux ans plus tôt).
Le problème, c'est que Mandelbrot avait raison. La finance est « anormale » : elle ne respecte pas la loi de Gauss. Les événements improbables se produisent infiniment plus souvent que ne l'indique la « normalité ». Myron Scholes et Robert Merton en ont d'ailleurs donné une preuve éclatante malgré eux. En 1994, ils s'associent à la création d'un fonds de placement baptisé Long Terme capital management (LTCM). S'appuyant sur leurs travaux, le fonds gagnait des fortunes en prenant des positions très risquées. Jusqu'en 1998 où un accident qui ne devait pratiquement jamais se produire, tout au bout de la queue des probabilités, est arrivé - en l'occurrence, l'incapacité du gouvernement russe de verser ce qu'il devait aux souscripteurs de ses obligations, événement qui avait pourtant un précédent célèbre. Le fonds LTCM s'est alors trouvé en péril avec des positions qui avoisinaient 100 milliards de dollars ! La Réserve fédérale de New York a dû forcer la main de ses principaux créanciers pour éviter une faillite qui menaçait d'ébranler toute la finance internationale...Malgré cet avertissement, la planète financière continue d'évaluer le risque avec la « Black et Scholes ».
La formule magique est employée dans les calculs qui servent à la fabrication des produits structurés, ces fameux produits à trois ou quatre lettres comme les CDO, les CLO ou les ABCP. La grande majorité des produits financiers sont bâtis avec un système qui sous-évalue grossièrement le risque, comme les faits l'ont prouvé à maintes reprises. Nombre d'opérateurs financiers se comportent donc comme des automobilistes atteints d'un glaucome. Sur une autoroute dégagée, ils n'ont aucun problème, malgré leur champ visuel réduit. Quand la route tourne ou quand un cerf hésite à traverser, ils sont en danger. Un jour, ils devront accepter l'idée que la finance n'est pas normale. Bien sûr, il y aura toujours des bulles financières. Et rien ne pallie les effets désastreux d'une mauvaise réglementation, comme celle sur les prêts immobiliers aux Etats-Unis. Mais, en minimisant les risques, l'idée d'une finance normale maximise les effets des chocs"
vendredi 7 mars 2008
La lettre mensuelle d'Eric Le Coz
Source: Carmignac gestion
Extrait:
Les grands projets
d’infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires,
le développement rapide de l’urbanisation, la masse des
populations qui vont progressivement participer à la vie
économique globale sont autant de facteurs qui concourent
à ce phénomène. Deux exemples : plus de 1 000 nouvelles
voitures circulent (de plus en plus mal) chaque jour dans
les rues de Pékin. Plus important encore pour la croissance
long terme en Chine, un taux d’urbanisation qui atteint juste
44% à fin 2007 contre 70% en moyenne dans les pays développés.
La poursuite de ce mouvement d’urbanisation aura
deux corollaires immédiats : des dépenses de construction
et d’infrastructure importantes, et une progression de la
consommation à un rythme soutenu. C’est bien cette croissance
de la demande domestique émergente, d’une force
considérable, qui résiste aujourd’hui au ralentissement économique
américain et permet de maintenir une croissance
globale satisfaisante.
(........................)
Au centre de toutes les préoccupations l’approvisionnement
en énergie est une condition vitale du développement
économique, susceptible de brider la croissance en
cas de pénurie ou de prix prohibitif. Dans le cas du pétrole,
plusieurs facteurs sont en jeu qui tous militent pour un
niveau de cours durablement élevé. Premièrement, le
vieillissement des puits en exploitation (ce qui se traduit
par une baisse annuelle moyenne de production de 5%)
s’accorde mal d’une solide croissance de la demande. Cette
divergence n’est guère tenable dans la durée et implique une
diminution des stocks stratégiques qui n’est pas sans risque.
Deuxièmement, la capacité de l’OPEP à augmenter sa production
semble très limitée. Non seulement l’OPEP se refuse à augmenter
ses quotas (parce qu’elle ne peut produire plus de 2 millions de
baril/jour additionnels), mais encore elle entérine une réduction
des quotas de l’Iran et du Venezuela, simplement parce que,
faute d’investissement récents (dans des régimes où la manne
des pétrodollars sert d’abord à financer bien d’autres activités),
ces deux pays sont dans l’impossibilité de produire les quotas
antérieurement accordés. Troisièmement, le volume des exportations
de pétrole du premier producteur mondial, la Russie, qui a
progressé en rythme annuel de 17% entre 1993 et 2004, connait
aujourd’hui une progression anémique de moins de 3%. Enfin, on
constate que toute la production additionnelle, nécessaire pour
satisfaire une demande toujours croissante, provient de nouveaux
champs pétrolifères « offshore », essentiellement en eaux profondes,
nécessitant des technologies d’extraction toujours plus
complexes et onéreuses.
(.....................................)
Les métaux précieux se sont particulièrement bien comportés
depuis le début de l’année. L’or, dans le contexte actuel, tient
une place à part. Les anticipations de faiblesse du dollar, la
poursuite de préoccupations inflationnistes, la perspective d’un
assouplissement monétaire durable, les légitimes inquiétudes
concernant les faiblesses du système bancaire, sont autant de
facteurs de soutien du métal. La forte demande fondamentale,
pour la joaillerie, notamment en provenance des pays émergents,
le coût élevé des nouvelles structures minières ou de transformation,
qui ralentissent l’aboutissement de nouveaux projets,
sont aussi des éléments favorables à moyen/long terme.
L'option hybride est encore marginale dans les ventes de voitures aux USA
C'est plutôt inquiètant notamment à la lumière des derniers chiffres relatifs à la consommation US de carburant ( toujours en hausse sur un an).
"tout va mieux que bien et pourtant"
Le 28/07/07 , un intervenant sur le forum boursorama s'étonnait d'un début de correction sur les marchés. Voici ce que je lui avais répondu:
"Je vous invite donc Jacques à réinvestir massivement sur les indices actions et on se revoit en juillet 2008...Ce que font les marchés...c'est anticiper, peut être à tort, une contraction des liquidités ( on le voit auj avec tous les reports de LBO). Les marchés prennent acte que la crise du subprime se répand dans la sphère financière. Ils savent peut être aussi que certains organismes financiers, fonds de pension, HF sont en difficulté..Je vous dis cela car je suis trés pessimiste sur l'état de la sphère financière. La question qu'on doit se poser est la suivante:
Est-ce la finance qui guide l'économie réelle ou l'économie qui guide la finance?
La seconde alternative me semble la plus logique et bien, pourtant, je pense que c'est la finance qui fait l'économie. Je le répète depuis des mois, toute cette croissance a été financée à crédit, a été titrisée. Les banques centrales ne maîtrisaient plus rien, malgré la remontée des taux courts, les taux longs ne réagissaient pas, la croissance de la masse monétaire continuait à progresser à plus de 10%/an, le taux d'endettement des ménages également. Les banques centrales ont décidé de puger le système. Malgré les appels du pied de Sarkozy et des économistes, ne comprenant pas pourquoi Tichet remontait les taux avec comme prétexte une inflation contenue. les banques centrales ont continué à relever le coût de l'argent avec un objectif principal...faire revenir à la raison les financiers et les grands établissements bancaires. Ces derniers sont en train de payer leurs abus et ce n'est qu'un début. C'est peut être cela qui fait peur aux marchés malgré le tableau idyllique que vous avez dressé. Ils viennent de comprendre que le temps des sirènes était terminé, que les pratiques de dettes titrisées à tout va étaient révolues.Mon opinion diverge donc de la vôtre. vous avez raison car vous constatez les conséquences de pratiques financières passées ( je vous rappelle 40 000 mds de dettes titrisées, à cela il faut y ajouter toutes les dettes inscrites au bilan des banques..d'ailleurs si vous avez suivi l'actualité, une banque récemment n'a pas réussi à titriser le prêt qu'elle avait consenti à une opération de rachat..elle doit donc inscrire à son bilan 16 milliards de dettes qu'elle ne voulait surtout pas voir apparaitre).
Grâce à la titrisation, les banques pouvaient prêter à n'importe qui, pour n'importe quoi et refiler le bébé à des HF, fonds de pension en mal de performances. On mélangeait tout cela, avec des effets de levier. Les banques n'assumaient plus le risque, elles n'étaient pas belle la vie. Le marché prend conscience des répercussions catastrophiques que cela peut avoir sur l'économie réelle. Il anticipe donc les conséquences de la finance sur l'économie réelle. Et, à mon humble avis, les conséquences seront bien plus graves que ce que l'on pense. Le système cherchera à se sauver, c'est normal. Il faudra donc faire un choix, soit opter pour un crédit crunch et une déflation généralisée ( quelle horreur !!!) soit absorber ces dettes via un retour de l'inflation ( c'est bcp moins douloureux). Je pense que les grands dirigeants de la sphère économique laisseront filer l'inflation d'où mon attrait pour l'or."
Lien vers le message initial:
http://www.boursorama.com/forum/message.phtml?page=1&id_message=363019248
Mars 2008, je ne change pas d'avis même si le CAC a perdu plus de 1000 pts, l'or est passée de 660 $ à près de 980$ l'once, le pétrole de 75 à 104$.
A l'heure actuelle, l'inflation est enfin sur le devant de la scène. Cela était prévisible mais, pour changer, on en parle lorsque le plus gros du chemin a été fait. C'est le cas sur l'or et le pétrole où les derniers voyageurs sont invités à rentrer sur fond de médiatisation de ces tensions inflationnistes. Une correction de mi-cycle devrait intervenir d'ici peu sur les matières premières. Attention à la volatilité !
La mondialisation est devenue inflationniste
AFP Thomas Lohnes
La mondialisation est devenue inflationniste, ont estimé vendredi le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, et le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, lors d'un colloque de la Banque de France.
"La récente flambée des prix des matières premières, notamment alimentaires, en raison d'une difficulté à pourvoir la demande des pays émergents, nous rappelle que la mondialisation peut aussi créer des risques inflationnistes", a dit M. Trichet.
M. Noyer a également indiqué qu'"en renforçant l'importance des chocs globaux (...), la mondialisation introduit une synchronisation plus poussée des cycles inflationnistes entre les pays, avec les risques d'amplification qui en découlent".
Mais M. Trichet a rappelé que la mondialisation continuait aussi à "freiner la hausse des prix des produits manufacturés".
L'Eurosystème continue à "suivre avec attention la correction de marché significative qui se poursuit, et à prendre en compte toutes ses possibles conséquences sur l'inflation", a ajouté M. Trichet, soulignant qu'"à terme, la mondialisation peut avoir des effets indirects complexes sur l'inflation".
Christian Noyer a de son côté estimé qu'"à bien des égards, les bons temps sont derrière nous. La mondialisation a sans doute beaucoup aidé les Banques centrales au cours de la dernière décennie. Ce n'est plus, aujourd'hui, aussi évident".
Il a par ailleurs affirmé que "la distribution du crédit reste très dynamique en Europe et que, dans la plupart des pays de la zone euro, les marchés immobiliers restent marqués par une certaine stabilité".
mercredi 5 mars 2008
lundi 3 mars 2008
Buffett se retire ........
(AOF) - Le milliardaire américain Warren Buffett a retiré son offre de reprise des 800 milliards de dollars de "municipal bonds", des obligations émises par des municipalités américaines, garanties par les rehausseurs de crédit américains, dont Ambac et MBIA. Il y a quelques semaines, sa proposition avait soulevé certaines protestations. La garantie des "municipal bonds" constitue l'activité historique des "monoliners" et elle est également la plus sûre.
Afin de la mettre à l'abri de la crise du "subprime", qui touche les titres adossés à des crédits immobiliers à risques et garantis par les rehausseurs de crédit, certains songent à scinder leurs activités en deux. Depuis le début de l'année, les propositions et les plans de sauvetage se multiplient afin de maintenir à flot ces établissements en grande difficulté.
Gazprom coupe le robinet de gaz vers l'Ukraine
Le géant russe Gazprom, après plusieurs avertissements, a partiellement coupé le robinet de gaz vers l'Ukraine, laissant planer le risque d'une nouvelle "guerre du gaz" au moment même où son patron Dmitri Medvedev accède à la fonction suprême en Russie. "Gazprom a aujourd'hui réduit de 25% ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir de 10H00 du matin" (07H00 GMT), a déclaré lundi le porte-parole du groupe, Sergueï Kouprianov, lors d'un point presse. Mais la société ukrainienne des gazoducs Uktransgaz s'est plainte que la réduction était en réalité de l'ordre de 35%. Après un premier télégramme annonçant une baisse de 25% du volume du gaz destiné à l'Ukraine, "nous avons reçu un nouveau message annonçant une nouvelle réduction supplémentaire de 10%", a indiqué sa porte-parole à l'AFP. Gazprom n'était pas immédiatement joignable pour commentaire. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko de son côté a réagi lundi en plaidant pour des "négociations dynamiques" avec Gazprom afin d'éviter "une guerre du gaz". Gazprom avait auparavant pris soin de rassurer ses clients européens, dont les livraisons transitent à hauteur de 80% par l'Ukraine, affirmant qu'ils ne seraient pas affectés par la coupure. Une première crise entre les deux pays début 2006 avait conduit à une brève interruption de l'approvisionnement en gaz de l'Europe. La Commission européenne a appelé les deux parties à "trouver rapidement une solution définitive à cette question commerciale". |
L'AIE, enfin objective !
Q: Quelles sont les véritables raisons derrière la hausse spectaculaire des prix du pétrole depuis plusieurs mois?
R: Il y a deux raisons principales: la première est la force et la robustesse de la demande. En janvier, quand on craignait que les Etats-Unis n'entrent en récession, on se demandait si cette récession pourrait avoir un impact sur la demande de pétrole. Je ne pense pas que cette question soit vraiment pertinente, car la croissance de la demande provient de trois centres majeurs, l'Inde, la Chine et le Moyen-Orient, qui ne devraient pas être affectés tant que cela pas un ralentissement économique. En définitive, la demande devrait donc rester forte.
Du côté de l'offre - et c'est la seconde raison derrière la hausse des prix - la capacité de production n'augmente pas de manière suffisante.
Q: Pouvez-vous chiffrer le décalage entre les investissements nécessaires et ceux qui sont engagés?
R: Nous avons calculé que d'ici 2015, il fallait investir dans une capacité de production permettant de fournir 37,5 millions de barils par jour, tant pour répondre à la croissance de la demande que pour compenser le déclin des gisements existants.
Or, nous avons identifié 230 projets dont le financement a été voté, en regardant aussi bien dans les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) que dans les pays hors Opep. Si tous ces projets voyaient le jour, ils permettraient de produire seulement 25 millions de barils par jour jusqu'en 2015. Il y a donc un fossé de 12,5 millions de barils par jour entre les investissements engagés et ceux que nous estimons nécessaires. Cet écart est très, très inquiétant.
Seuls deux types de politiques pourraient corriger cela: du côté des pays consommateurs, il faudrait mettre en place d'urgence des mesures draconiennes d'efficacité énergétiques et investir massivement dans les énergies alternatives.
Du côté des producteurs, il faudrait augmenter les investissements de manière immédiate et audacieuse pour augmenter la capacité de production, en plus de ces 230 projets, si l'on veut éviter un choc d'offre dans les années à venir.
Q: Qu'est ce qui explique ce manque critique d'investissements dans la production de pétrole?
R: Les compagnies pétrolières internationales voient leurs réserves décliner de manière importantes et elles n'ont pas accès aux zones majeures où se trouvent les réserves. Les compagnies pétrolières nationales sont quant à elles freinées par deux raisons principales: elles ne veulent pas voir les prix du pétrole baisser et elles tiennent à conserver du pétrole dans le sous-sol pour les générations futures. Ce point de vue est tout à fait légitime, ces pays souverains sont libres de décider à quel moment et dans quelles quantités ils vont mettre leur pétrole sur le marché. Mais ceci a des implications de plus en plus importantes pour les pays consommateurs. Le monde a changé.
Propos recueillis par Delphine DECHAUX
dimanche 2 mars 2008
Entre 60 et 70 $ minimum....!
Warren buffett fustige la folie financière
vendredi 29 février 2008
Quantum's Jim Rogers says US 'out of control"
Leo Lewis, Asia Business Correspondent
Jim Rogers - who co-founded the now closed Quantum Fund with George Soros - told 750 global fund managers in Tokyo today that, America is “completely out of control”, there will be a 20-year bull market in commodities and that prices will be in turmoil.
And he also warned that it “made sense” if global competition for resources ended in armed conflict.
Mr Rogers told delegates to the CLSA investment forum that the prices of all agricultural products would “explode” in coming years and that the price of gold, which hit an all-time high of $964 an ounce yesterday, will continue its surge to as much as $3,500 an ounce.
Gold would continue to rise, the analyst Christopher Wood told fund managers, “because it is the exact opposite of a structured finance product”.
In a blistering attack on US monetary policy and the “helicopter cash drop” responses of the Federal Reserve, Mr Rogers described the American dollar as a “terribly flawed currency”.
He said that the plan by Ben Bernanke, the Fed Chairman, to “crank up the money-printing machines and run them until we run out of trees” had exposed America’s weakest point to her rivals and enemies.
The dollar may have declined recently, he added, “but you ain’t seen nothing yet”.
Talking to a room almost exclusively populated with Japan-focused equity investors, Mr Rogers recommended an immediate language course in Mandarin and a switch into commodities — the second-biggest market in the world behind foreign exchange.
Mr Rogers said that historic drains on wheat, corn and other soft commodity inventories have created market dynamics that could lead to severe food shortages.
The outlook over the next two decades would see prices of everything from cotton and sugar to lead and nickel “going through the roof”.
Heavily playing down the prospects of a big recovery in Japan, Mr Rogers said that the country’s demographics — as the fastest-ageing country in the world — would cause it greater problems and an ever-diminishing quality of life for ordinary Japanese.
But he also said that other countries — including Britain, Italy, China and the US — should take note of what their own demographics would look like without the effect of immigration.
“Japan will be the perfect laboratory for the world to watch how a demographic crisis plays out,” he said.
mercredi 27 février 2008
La finance mondiale insubmersible ?
"La finance mondiale insubmersible ?
Lentement, sinistrement, les compartiments supposés étanches du grand Titanic financier mondial cèdent, les uns après les autres, accentuant la gite de l'orgueilleux navire tandis que la foule – très hétérogène et pas encore franchement dégrisée... – des passagers semble, assez surréalistement, hésiter entre la franche panique et la tentation de poursuivre malgré tout le grand carnaval hédoniste...Le premier compartiment à céder fut bien sûr celui du subprime, très exposé il est vrai dans la zone du gaillard d'avant ; mais ce n'est pas tant la voie d'eau inondant ce compartiment qui a porté à conséquence que le fait qu'elle s'est progressivement propagée à des compartiments beaucoup plus vitaux, menaçant désormais la salle des machines...Crédits et prêts leveragés, marchés actions mondiaux, usines à gaz financières en tous genre, immobilier américain, bilans bancaires, inflation, dollar...La situation du dollar, dernière victime en date, est particulièrement intéressante et révélatrice de l'étendue des dégâts : ce n'est en effet pas tant que fait que le billet vert ait emporté la barrière mythique des 1,50 qui impressionne que la facilité déconcertante avec laquelle il s'est engouffré dans la brèche... Il s'agit bien là en réalité d'un cercle vicieux : les craintes (plus que justifiées !) inflationnistes boostent les cours des matières premières, ce qui pèse mécaniquement sur le dollar, accentuant la hausse des commodities et donc attisant les anticipations inflationnistes et ainsi de suite...Dans ces conditions, il va sans dire que les passagers prudents ayant rejoint les canots de sauvetage sont bel et bien ceux – trop rares – sagement investi sur les matières premières...Au demeurant, le naufrage ne nous parait pas imminent : les compartiments actions paraissent sains et bien protégés et, surtout, le cœur du navire (le niveau des taux longs) tient. Pour l'instant... Cependant, le commandant Bernanke, seul, retranché dans sa cabine, est gagné par l'amertume, songeant que, hier encore, Alan Greenspan, arc-bouté sur le bastingage de la proue criait, face à la mer d'argent : « je suis le maitre du monde ! »..."
L'inflation, une fatalité ou un choix économique?
Cette mise en concurrence ( déloyale) est le facteur clé, à mes yeux, de cette désinflation. L'inflation a donc disparu des radars de nos BC, les économistes ont considéré cette menace comme définitivement éteinte car, selon eux, ce sont les BC qui ont correctement maîtrisé les risques inflationnistes. C'est faux, en grande partie selon moi, car elles n'ont fait que profiter des effets de l'abus de mondialisation. Bref, les actifs financiers sont devenus les actifs à détenir. Les actifs réels tels que les matières premières, le pétrole, l'or ont été délaissés. 20 ans de désinflation et de désintérêt ont poussé les acteurs de la filière matière première à ne pas investir, à négliger l'amélioration de leurs mines..etc.
L'entrée de la chine à l'OMC, toujours souhaitée par les financiers, car formidable relais de croissance et de désinflation, a pu faire penser que nous étions partis pour encore 20 ans de désinflation prononcée. Erreur. Car s'il y a bien eu quelques années de désinflation, l'explosion de croissance de la chine, sa capacité à émerger en tant que puissance économique mondiale a surpris tous les analystes et changé la donne. La chine, qui devait être le facteur de désinflation bénéfique aux entreprises multinationales, se révèle être un facteur puissant d'inflation...et ce n'est que le début. C'est l'aspect fondamental c'est à dire qu'il y a auj des tensions certaines sur les matières premières nées d'un manque d'investissement dans les infrastructures et d'une explosion de la demande en provenance des pays émergents.
Sur cet aspect fondamental se greffe un aspect "spéculatif". En effet, les BC ont laissé filer des taux d'expansion monétaire à plus de deux chiffres pendant des années, ont laissé les banques attribuer des crédits à tout va, ont laissé une bulle financière et du crédit historique naître sous leurs yeux. Il y a peu, on lisait qu'il n'y avait jamais eu autant de liquidités dans le monde. C'est vrai, on a fait fonctionner à plein régime la planche à billets afin d'éviter un épisode de purge nécessaire. Tous ces billets flottent autour de notre planète. Tant qu'ils s'investissaient dans les actifs financiers, ce n'était pas désagréable pour les financiers. Pas d'inflation, explosion du capital...
L'abus est arrivé avec la titrisation car on est allé tellement loin que cela a débouché sur un crédit crunch cad le pire des scénarios. Cela, on l'avait dit bien avant que cela n'arrive. Ce crédit crunch signifie fin de la partie, du moins pour un moment, de ce cycle assez exceptionnel de hausse des actifs financiers au détriment des actifs réels. Dès lors, ces montagnes de liquidités devaient trouver de nouveaux supports....ils se dirigent en masse vers les matières premières.
On disait que Greenspan était à l'origine de la bulle du crédit, Bernanke sera à l'origine de la bulle sur les matières premières, et cela, ce sera beaucoup beaucoup plus grave car le monde entier va en souffrir. On s'en moque de voir l'immobilier perdre 15/30% de sa valeur, c'est arrivé en 90/94, ce n'était pas préjudiciable à la majorité des citoyens et des consommateurs, cela faisait parti de cycles. Sauf que ces cycles, ils ont voulu les gommer..c'est l'erreur fondamentale. Ies financiers ne supportaient plus de subir un cycle, même minime, de perte en capital ( dans l'immo ou les actions) alors on faisait pression sur les BC pour qu'elles appuient sur le bouton imprimer.
A cela, il faut ajouter, qu'à la différence des années 70, un évènement majeur va intervenir..il s'agit du peak pétrolier ou plutôt d'un plateau de production..La chine continuera à accroître ses besoins..et la masse de liquidités est encore prête à bondir sur ce qui peut engendrer des plus values. C'est la raison pour laquelle, comme certains, je pensais que nous étions au devant d'un nouveau cycle, inflationniste celui-là, dont les principaux bénéficiaires seront les matières premières et l'énergie...pour un bon moment. C'est la raison pour laquelle je suis rentré assez tôt sur l'or...relique barbare des années 80-2000.....Finalement, ces choix de politique monétaire menés par Greenspan et Bernanke ont un impact direct sur le phénomène inflationniste que nous vivons et l'aggravent. C'est mon avis.
mardi 26 février 2008
Stagflation?
Malheureusement, ce choix se révèlera catastrophique dans les années à venir, avant tout pour le consommateur et les habitants des pays pauvres mais aussi, dans une moindre mesure, pour les marchés financiers. Il y aura quelques gagnants: les matières premières, avec mon dada à savoir le secteur de l'énergie, et l'or. Il y en aura d'autres évidemment mais je crois que cette thématique des matières premières risque de dominer les autres pendant un bon moment.
Peak oil en vue...ou plutôt plateau de production !
http://www.webstyle.fr/ifp/Conf-Reserves_Y-Mathieu/IFP_Mathieu.html
En écoutant et regardant cette vidéo, je crois comprendre pour quelles raisons le pétrole a doublé en 2007. Les économistes, analystes attribuent cette envolée à la spéculation..on serait loin des fondamentaux..ils ont raison sauf que..une nouvelle n'a pas été publiée à ma connaissance. Du moins, malgré toutes mes lectures, je ne me souviens pas avoir lu cette dernière. Elle est mentionnée par ce cadre de l'IFP:
"l'Arabie saoudite a prévenu ses partenaires qu'elle s'est fixée un maximum de production de 12 M. de b/J."
C'est à dire qu'à l'avenir, elle n'ira pas au-delà de ce seuil. L'AS étant le plus grand pays pétrolier, chef de file de l'OPEP, le pays disposant des plus grandes capacités d'ajustement et de hausse de production ( c'est le seul aux yeux de l'AIE capable de répondre à la hausse de la demande).
Cette annonce fait figure de peak oil. Peak oil ou plutôt plateau autour de 2010/2012 car l'AS s'est fixée cette date. Ce cadre de l'IFP parle donc d'un choix stratégique qui s'inscrit dans une démarche de gestion des ressources. L'époque de l'abondance est révolue ( on le savait) mais là, cette information, si elle est exacte ( je le pense venant de l'IFP) peut expliquer cette envolée des prix. L'AS affirmait depuis toujours pouvoir ajuster sa production à la hausse de la demande !. Cette spéculation pourrait être que le fruit d'une anticipation d'un plateau de production sur plusieurs décennies mis en place par l'OPEP.
D'un coté, cela permettra aux pays consommateurs d'ajuster leur consommation via une destruction de la demande et une rationnalisation de cette dernière. De l'autre, cela permet à l'OPEP de gérer en bon père de famille son patrimoine. L'analyse des précédents cycles de peak oil intervenus aux USA et mer du nord montre un déclin assez brutal post peak, ce qui serait trés difficile à gérer pour nos économies. La mise en place d'un plateau semble être de tout évidence un moindre mal, permettant au pétrole de haute technologie de se développer ( Amélioration des taux d'extraction, exploitation des schistes et oil shale...LNG..etc).
lundi 25 février 2008
Théorie du découplage entre les États-Unis et la Chine
Clément Gignac
Économiste en chef et stratège
Financière Banque Nationale
25 février 2008
Selon la théorie du découplage, certains pays, particulièrement les marchés émergents comme la Chine et l’Inde, dépendent de moins en moins des pays industrialisés à mesure qu’ils accroissent leurs capacités et leur économie intérieure et, par conséquent, leur dynamique économique serait différente. Selon cette théorie, l’influence de l’économie des États-Unis sur un pays comme la Chine devrait diminuer comparativement aux cycles passés. La question est de savoir si cette théorie est fondée et si une économie en développement comme celle de la Chine a atteint un stade où son cycle économique dépend moins de la santé des États-Unis et peut donc éviter le ralentissement de sa croissance lorsque l’économie américaine marque le pas.
Nous examinerons deux points principaux pour déterminer si le découplage de la Chine se produit : 1) Les exportations en pourcentage du PIB augmentent-elles ou diminuent-elles à mesure que l’économie croît ? 2) Le pourcentage d’exportations à destination des États-Unis diminue-t-il ? On peut s’attendre à ce qu’une économie découplée voie ses exportations en pourcentage de son PIB diminuer, ce à quoi correspond une expansion interne plus importante, et à ce que le pourcentage des exportations vers les États-Unis diminue avec le temps.
La Chine est le pays qui connaît la plus forte expansion économique au XXIe siècle. La croissance du PIB réel de la Chine pour 2008 devrait dépasser 10%, ce qui est nettement plus que celle de l’Inde, qui devrait croître de 7.9% cette année (graphique). La part du PIB mondial de la Chine a augmenté de moins de 4% en 1990 à environ 10% en 2007. Elle a dépassé le Japon comme troisième plus grande région de production au monde et n’est dépassée que par les États-Unis et l’Union européenne.
Il est clair que la Chine est devenue une économie importante du monde, particulièrement lorsqu’on examine les tendances du commerce international. Les exportations de la Chine ont fait un bond de plus de 500% au cours des dix dernières années. Les exportations du pays, en pourcentage de son PIB, ont augmenté de 21% en 1997 à environ 40% en 2007, soit une forte expansion en dix ans, ce qui laisserait suggérer que la croissance de ce pays dépend de plus en plus de son composant d’exportations.
Les données sur le commerce extérieur révèlent certaines autres tendances intéressantes pour aider à déterminer si la théorie du découplage se vérifie. Les exportations vers les États-Unis ont augmenté depuis 1997 de 18% à plus de 20% en 2007. De plus, les exportations vers l’Union européenne en pourcentage des exportations totales ont aussi nettement augmenté, passant de 14% en 1997 à plus de 20% en 2007. Par conséquent, les exportations de la Chine vers les États-Unis et l’Union européenne ont en fait augmenté à plus de 40%, ce qui ne corrobore pas la théorie du découplage.
En conclusion, les tendances des échanges commerciaux actuels entre la Chine et les États-Unis laissent entrevoir qu’il y a eu peu de diversification dans les exportations chinoises au détriment des États-Unis. En termes simples, ces échanges ne corroborent pas la théorie du découplage proposée par certains économistes et investisseurs. À mesure que l’économie américaine continue de ralentir et que les importations diminuent, nous devrions constater un impact tangible sur les exportations et la croissance du PIB de la Chine.
Bonne semaine."
D'où une forte probabilité de voir le secteur des matières premières revenir à la raison d'ici quelques mois, et ce, pour une période plus ou moins longue ( 12 à 24 mois) avant de poursuivre leur cycle haussier.
samedi 23 février 2008
100 $ le baril...surpris?
Oui, car c'est trop tôt et le fruit de la spéculation. Non, car c'est inéluctable.
J'ai déjà développé mon point de vue sur la théorie du peak oil et le changement de paradigme au sein de ce secteur. (http://lalossbaggers.blogspot.com/2007/12/un-nouveau-paradigme-ptrolier.html)
Je vous invite donc à consulter ces documents:
Trés bonne présentation de la situation actuelle,
http://www.webstyle.fr/ifp/Conf-Reserves_Y-Mathieu/IFP_Mathieu.html
-http://www.ifp.fr/content/download/57999/1270506/file/AFTP-CFE-IFP_Conference-debat_Yves_Mathieu_IFP.pdf
-http://www.ifp.fr/content/download/57997/1270501/file/AFTP-CFE-IFP_Conference-debat_Pierre-Rene_Bauquis_ENSPM_TPA.pdf
-http://aspofrance.viabloga.com/files/PRB_BIP_22Jan2008.pdf
Le site de l'ASPO est une bonne source d'information mais il est assez partisan.
-http://www.ifp.fr/content/download/57992/1270480/version/2/file/IFP-AFTP_Conference-debat-LesPicsPetrolierEtGazier_Synthese.pdf
"Les pics pétrolier et gazier : enjeux et conséquences
Rueil-Malmaison, le 15 juin 2006 - Le 11 mai dernier, l'Association des Techniciens et Professionnels du Pétrole (AFTP), le Conseil Français de l'Energie (CFE) et l'Institut Français du Pétrole (IFP) ont organisé une conférence sur le thème des pics pétrolier et gaziers, leurs enjeux et conséquences.
Une problématique différente à court, moyen ou long terme
En lançant le débat, Olivier Appert, Président de l'IFP, prévient que le sujet divise, "très lointain pour certains, très actuel pour d'autres". Il rappelle également que la prévision est un art difficile, et en cite pour exemple les prédictions du Club de Rome, reprises plus tard par BP, qui annonçaient avant le premier choc pétrolier de 1973 un pic de production mondiale en 1985, alors que la production n'a cessé d'augmenter depuis grâce aux progrès techniques. L'incertitude sur la date du pic et sa forme fait encore aujourd'hui l'objet d'âpres débats, notamment parce qu'elle dépend de données elles-mêmes incertaines à savoir les progrès à venir dans le domaine de l'extraction du pétrole, la découverte de nouveaux gisements et la croissance de la consommation pétrolière. Plus problématique à court terme est la faiblesse des investissements en faveur de l'exploration, du transport, et de la production de pétrole et de gaz. En conséquence, il n'y a plus assez de marge de manoeuvre pour faire face à une éventuelle rupture d'approvisionnement. Reprenant l'analyse d'André Giraud, ancien ministre de l'Industrie, selon laquelle un choc pétrolier naît de la tension des approvisionnements et d'une crise politique au Moyen-Orient, Olivier Appert évoque le blocage potentiel de la situation entre l'Iran et les pays occidentaux avec trois millions de barils iraniens qui risqueraient de sortir du marché : "On se retrouverait alors dans les conditions d'un choc et même d'un pic pétrolier." Pour le Président de l'IFP, l'âge du pétrole pourrait donc connaître le début de son déclin non par manque de réserves mais par manque d'investissements et pour des raisons géopolitiques.
Les réserves, une notion technico-économique complexe
Ceci étant, l'extraction de pétrole et de gaz ne pourra pas continuer indéfiniment, puisqu'il s'agit de ressources fossiles en quantités limitées à l'échelle de notre planète. Combien en reste-t-il ? Quand se situera ce fameux pic à partir duquel la production commencera à décroître ? Yves Mathieu, ingénieur de recherche à l'IFP, tente de répondre à ces questions qu'il juge lui aussi très complexes.
Pour clarifier le débat, il rappelle la différence entre les notions de réserves et de ressources. Les ressources ultimes représentent ce que la nature nous a laissé en héritage, soit 10 000 à 12 000 milliards de barils. Les ressources extractibles constituent la partie que l'on est capable d'extraire physiquement, soit de l'ordre de 60 % des ressources ultimes (6 000 à 7200 milliards de barils). Les réserves prouvées, elles, correspondent aux volumes d'hydrocarbures contenus dans les gisements en production et en développement que l'on est capable d'extraire aux conditions techniques et économiques du moment, soit de l'ordre de 2 000 milliards de barils auxquels il faut enlever les 1 000 milliards déjà produits. Reste une dernière catégorie qu'Yves Mathieu nomme les pétroles "haute technologie" et qui regroupe toute une série de pétroles. Les pétroles situés dans les gisements restant encore à découvrir les pétroles qui pourraient être extraits grâce à des technologies de récupération assistée (1) ainsi que les pétroles non conventionnels (bruts lourds, extra lourds, sables asphaltiques, schistes bitumineux).
Les chiffres des réserves réelles des différents pays producteurs sont difficiles à établir car certains ne prennent en compte que les réserves prouvées alors que d'autres comptabilisent aussi les réserves probables ou possibles (2). Mais si l'on se réfère à la publication la plus connue, BP Statistical Review, l'évaluation des réserves prouvées mondiales serait de 1 200 milliards de barils, correspondant à 41 années de consommation actuelle. Les autres organismes collecteurs de données les situent entre 1 050 et près de 1 260 milliards de barils suivant la prise en compte ou non des réserves d'huiles extra lourdes canadiennes et, celle - partielle à totale - des réévaluations effectuées par un certain nombre de pays de l'OPEP suite à la mise en place des quotas d'exportation au cours des années 1980. Après analyse et recoupement des informations disponibles, Yves Mathieu les situerait entre 1 070 et 1 250 milliards de barils suivant que l'on intègre ou non les pétroles extra lourds du Canada. Ces chiffres, qui ne représentent que les volumes contenus dans les gisements découverts ou en cours de production, pourraient augmenter grâce à la mise en développement des découvertes futures et aux innovations technologiques qui permettront de faire passer des ressources en réserves additionnelles. Quoiqu'il en soit le renouvellement des réserves n'est plus assuré depuis les années quatre-vingt ce qui sous entend l'arrivée prochaine d'un déclin de la production.
Si 60 % des réserves prouvées de pétrole conventionnel se trouvent au Moyen Orient, cette part n'est plus que de 45 % si l'on intègre les réserves connues et estimées actuellement récupérables de pétroles lourds et extra lourds situées en Amérique du Nord et au Venezuela. La moitié des réserves mondiales sont aux mains de quatre pays (Arabie Saoudite, Iran, Irak et Venezuela), tous membres de l'OPEP qui disposerait de 65 à 70 % des réserves pétrolières mondiales. Le Canada, la Russie et le Mexique sont les trois plus importants détenteurs de réserves pétrolières en dehors de l'OPEP.
Pour le gaz, le chiffre des réserves mondiales prouvées augmente sans cesse. Elles sont estimées aujourd'hui à 180 000 milliards de mètres cube, soit 66 ans de consommation au rythme actuel. Ces richesses se trouvent, ici encore, essentiellement au Moyen-Orient (40%) et dans la CEI (31%). Environ 50 % des réserves mondiales sont détenues par trois pays (Russie, Iran et Qatar). Les pays de l'OPEP disposeraient de la moitié des réserves mondiales.
"Un plateau de production plutôt qu'un pic"
La date du pic de production ne fait pas non plus l'unanimité : prévu entre 2010 et 2020 par les membres du club de l'ASPO (Association for the study of Peak Oil and Gas), il est envisagé au plus tôt pour 2024 par l'USGS (United Sates Geological Survey). Pour Yves Mathieu, un pic de production technique lié aux manques d'équipements pourrait se produire entre 2006 et 2009, situation qui pourrait être repoussée vers 2028, date du déclin géologique, en utilisant plus de pétroles haute technologie. Pour cet expert, il n'y aura pas vraiment de pic mais plutôt un plateau de production survenant entre 2010 et 2028 au plus tard. Selon lui, la production ne devrait pas dépasser les 100 millions de barils jour contre les 85 actuels. On pourrait encore extraire de l'ordre de 50 millions de barils par jour en 2050, mais ces hydrocarbures proviendront essentiellement des pétroles dits de haute technologie.
S'agissant du pic de production gazier, les différents experts s'accordent à peu près sur les mêmes dates. Avec une croissance annuelle mondiale de la demande de 2 %, il sera atteint en 2025, et en 2020 avec une croissance de 3 %. Mais le gaz offre encore des perspectives prometteuses en exploration qui pourraient éloigner le pic jusqu'à 2035. Et en admettant que l'on réussisse la prouesse technologique et économique d'exploiter les gisements d'hydrates de
méthane et les gaz conventionnels situés au-dessous de ces formations, on pourrait même dépasser 2050.
Mais de toutes les façons, qu'il s'agisse de gaz ou de pétrole, pour assurer une transition énergétique mondiale la plus sereine possible, il nous faut maintenir la production au plus haut niveau le plus longtemps possible pour permettre aux énergies de substitution de se développer progressivement. Il nous faut donc investir sans tarder dans les équipements et l'innovation technologique (3), sachant qu'il faut cinq à dix ans pour passer de la recherche d'un gisement à son exploitation et tout autant pour concevoir, développer et utiliser des procédés plus performants.
"10 à 20 ans de crise, le temps de mettre des énergies de substitution en place"
Pierre-René Bauquis, Professeur associé à l'Ecole du pétrole et des moteurs, souligne que personne ne peut se vanter de connaître la date exacte du pic pétrolier. La plupart des données réelles sur les gisements sont en effet difficiles à connaître puisqu'elles se trouvent dans des banques de données privées. Fort de son expérience, il avance cependant, et ce depuis 1998, la date de 2020, avec une production de 100 millions de b/j tous hydrocarbures liquides naturels confondus (conventionnels et non conventionnels).
Après avoir rappelé que l'analyse de l'évolution des réserves prouvées ne permet pas d'analyser la question du pic d'un bassin, d'un pays ou du monde, Pierre René Bauquis rappelle les outils classiques de l'analyse de cette problématique : le concept de réserves ultimes, les courbes d'écrémage et la méthodologie de King Hubbert. Il ajoute à ce rappel une nouvelle méthodologie développée par Paul Alba et Olivier Rech dans un article de la Revue de l'Energie (N° 561 de Novembre 2004) qu'il juge très intéressante. Il souligne que, dans le cas le plus optimiste concernant les réserves mondiales ultimes étudié par ces auteurs, la courbe de production mondiale jusqu'en 2050 - sans ignorer la difficulté de modéliser la production de l'ex-URSS et de l'OPEP - est pratiquement identique à sa propre vision : pic de 100 millions de barils/jours tous liquides naturels confondus vers 2020, sans restrictions d'investissements ni contraintes géopolitiques.
Pierre René Bauquis avance un prix d'équilibre du baril à long terme après le pic : 100 dollars le baril (en dollars/2000). Ce prix atteindrait même 200 à 300 dollars dans les années qui précéderont le pic ou dans les années suivant immédiatement celui-ci. Soit 10 à 20 ans de crise, le temps de mettre en oeuvre des énergies de substitution et les différentes politiques qui permettront d'absorber le choc : développement des économies d'énergie, du nucléaire et des renouvelables.
Prenant l'exemple des transports, Pierre-René Bauquis explique que nous aurons besoin de 4 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep) pour satisfaire la demande mondiale de mobilité en 2100. Pour lui, il ne faut pas compter sur le véhicule à pile à combustible et à hydrogène qui ne sera pas dans la course pour des raisons économiques, mais plutôt sur les véhicules hybrides rechargeables. On utiliserait alors pour les transports, à l'horizon 2100, 1 milliard de tep en provenance des hydrocarbures naturels qui nous resteront, les biocarburants et les carburants Fischer Tropsh pourraient fournir un autre milliard de Tep, tandis que les deux autres milliards seraient fournis par une combinaison entre de nouveaux hydrocarbures de synthèse (hydrogène d'origine nucléaire combiné à du carbone produit à partir de la biomasse) et de l'électricité (grâce aux hybrides rechargeables). "Ce scénario, souligne Pierre-René Bauquis, implique que l'on se lance dans le nucléaire à grande échelle". La seule voie, selon lui, "pour éviter la régression et sortir par le haut de la crise."
Vers un nouvel âge d'or du pétrole ?
La survenue des pics pétrolier et gazier va aussi modifier fondamentalement notre industrie. Après 2030, les prix du gaz et du pétrole ne seront plus liés aux cartels ni à l'OPEP,
mais aux prix de leurs substituts. Le déclin du pétrole durera tout au long du XXIè siècle et au-delà. Et Pierre René Bauquis de conclure : "Ce sera paradoxalement l'âge d'or du pétrole et du gaz, avec des prix élevés relativement stables, une période très bénéfique pour les pétroliers, les industriels du parapétrolier, les fournisseurs, et les instituts de formation et de recherche du secteur."
Des besoins énergétiques dans le monde en forte hausse
Pour Bertrand Château, Président de Enerdata, le choc pétrolier ne se contentera pas de transformer notre industrie, "il entraînera aussi de profondes transformations sociétales, à l'instar du couple pétrole-automobile qui a révolutionné nos modes de vie". Si l'on suit l'évolution de la démographie et des comportements (4) les besoins de services énergétiques vont croître inéluctablement d'une manière considérable dans les années à venir, passant à plus de deux fois et demie le niveau de 2000. Selon Bertrand Château trois paradigmes (ensemble cohérents de technologies, de modes d’organisation et de comportements) sont possibles à l’échelle du siècle pour faire face à cette croissance des besoins de façon durable: la poursuite du paradigme fondé sur les énergies fossiles, un paradigme fondé sur le nucléaire et un paradigme fondé sur les renouvelables. Mais il insiste : "quel que soit le paradigme, l'efficacité énergétique en sera un élément central, seul à même de découpler en partie la croissance de la demande commerciale d’énergie de la croissance des besoins ."
De l'utilisation propre des ressources fossiles au développement des énergies renouvelables
La première voie est étroite, entre l'épuisement des ressources fossiles et l'exigence du captage et du stockage du CO2 à très grande échelle. Elle implique un retour en force du charbon, notamment comme carburant de synthèse dans les transports routiers, le pétrole se concentrant dans les transports aériens. Pour répondre aux contraintes climatiques (ce qui imposerait par exemple à l'Europe de baisser en moyenne de 10 % tous les 10 ans ses émissions de CO2 pour limiter le réchauffement à 2 degrés au cours du siècle), il sera nécessaire de stocker à partir de 2080 plus de CO2 que l'on n'en émet dans l'atmosphère. Ce qui parait un immense défi vu d’aujourd’hui.
Faute de solution massive au problème du stockage du CO2, le nucléaire pourrait s’imposer comme l’alternative majeure aux fossiles. D’abord pour la seule production d’électricité, puis progressivement, via l’électricité et l’hydrogène, pour satisfaire la plupart des besoins de services énergétiques. Induisant ainsi progressivement un basculement de paradigme, le nucléaire pourrait couvrir en Europe jusqu'à 60 % de l'énergie primaire en 2100, via l'électricité et l'hydrogène. Le moteur thermique laisse la place à l'hybride et à la pile à combustible, le TGV s'impose, le pétrole restant réservé aux transports aériens. Cependant, à l'échelle de la planète, le nucléaire pose des défis considérables: épuisement des réserves d'uranium, élimination des déchets, conflit entre le nucléaire civil pour tous, limitation des usages militaires et maîtrise des risques terroristes.
Echec du stockage massif du CO2, incapacité à surmonter les défis nucléaires au niveau international ou aversion croissante des consommateurs au risque sur les prix des énergies, tels sont les facteurs susceptibles de pousser le développement des énergies renouvelables jusqu’à entraîner une révolution profonde du système énergétique. Dans ce paradigme renouvelable, les besoins de services énergétiques continuent à croître, mais la demande d’énergie commerciale qui en résulte plafonne à partir de 2020. La biomasse joue un rôle majeur, notamment via les biocarburants ; les énergies fossiles continuent à être utilisées, principalement dans l'industrie et le transport aérien, mais à un niveau compatible avec des possibilités réduites de captage et stockage du CO2. Les solutions décentralisées (réseaux
locaux mutualisant plusieurs énergies renouvelables) coexistent avec des solutions centralisées (éolien et solaire de puissance) dont l’ampleur croît avec l’extension du global link (récupération dans les déserts des énergies solaire et éolienne). Le moteur thermique perdure encore longtemps grâce aux biocarburants, mais l’hybridation et les moteurs électriques se généralisent progressivement. La vitesse cède la place à la proximité dans l’échelle des valeurs de la mobilité, pour les activités courantes comme pour les loisirs. Pour conclure, tout en prévenant que "l'on ne résoudra pas tous les problèmes grâce à la technologie" et en insistant sur "la nécessité de transformation des comportements et des modes de vie", Bertrand Château appelle tous les décideurs à prendre leurs responsabilités dans leurs arbitrages entre les contraintes du court terme et les défis du très long terme.
En conclusion, Olivier Appert souligne qu'il convient de ne pas opposer ces paradigmes mais plutôt de les considérer comme complémentaires. En effet, dans la période de transition qui s'annonce et quelle que soit la date réelle du plateau de production, il va falloir mettre en oeuvre dès à présent une diversification du bouquet énergétique, à savoir continuer de chercher et exploiter du pétrole pour une utilisation durable dans les transports où il n'est pas substituable de façon rapide et massive tout en accélérant le développement des énergies renouvelables et en mettant en place des politiques d'efficacité et de maîtrise énergétiques. C'est ce qu'il appelle la transition énergétique maîtrisée.
Notes :
(1) Près de 40 % des réserves sont exploitées de manière primaire par simple pompage, moins de 60 % sont exploitées en injectant de l'eau ou du gaz (production secondaire), et seulement 2 % utilisent des méthodes de récupération assistée tertiaire. Suivant ces types de production les taux de récupération varient de moins de 10 % à plus de 70 %. Le taux moyen mondial de récupération des gisements actuellement en production est estimé à 35 %.
(2) On distingue trois types de réserves. Les quantités de pétrole qui ont une probabilité de récupération supérieure ou égale à 90 % grâce aux techniques actuelles et dans des conditions économiques courantes sont dites "1P" ou "réserves prouvées". Les quantités de pétrole plus importantes dont la probabilité de récupération n'est que de 50 % sont les "réserves probables" ou 2P. Enfin, quand la probabilité de récupération dans un gisement descend à 10 %, on parle alors de "réserves possibles" 3P.
(3) Les investissements par baril potentiel (restant à produire et à découvrir) sont de l'ordre de 20 cents (US$) en Amérique du Nord, 45 en Mer du Nord, mais seulement de 10 en Russie et de 5 au Moyen Orient alors que les potentialités y sont nettement plus élevées.
(4) Les principaux moteurs du changement sont la démographie, le vieillissement de la population et la réduction de la taille des ménages. Les estimations actuelles misent sur une progression de 35 % de la population mondiale avec un plateau de 8 milliards d'habitants autour de 2050. Un tiers de la population aura alors plus de 50 ans - la moitié en 2100. La structure des ménages va également évoluer : plus de la moitié sera constituée de une ou deux personnes.
Contact presse IFP
Anne-Laure de Marignan "
Et surtout:
http://www.ifp.fr/content/download/58413/1278316/version/2/file/4-vf_L%5C%27offre+et+la+demande+p%C3%A9troli%C3%A8res.pdf -->
vendredi 22 février 2008
Jesterinvest
http://jesterinvest.blogspot.com
Non, tout n'est pas si noir !
ACDEFI - 22 février 2008Noir c’est noir ! Qu’ils soient Français, Américains, Européens, la plupart des investisseurs, gérants, économistes, analystes et autres acteurs des marchés apparaissent unanimes : 2008 sera une année de récession, de crise bancaire, de déprime boursière, voire pour certains de dépression au moins aussi forte qu’après le krach de 1929. Bref, à les entendre, il n’y a qu’une chose à faire : prendre neuf mois de vacances et revenir en 2009 quant tout ira mieux…
Ce qui est particulièrement intéressant réside dans le fait qu’il y a un peu plus d’un an, ce même consensus annonçait que tout allait bien et que nous étions proches de la surchauffe : la croissance devait rester forte, les banques étaient solidement ancrées sur le chemin des forts profits et les prix immobiliers n’avaient aucune raison de baisser…
Ce qui était donc encensé hier se retrouve brûlé aujourd’hui. Pis, tout est prétexte à pessimisme et les bonnes nouvelles, certes très relatives dans le sombre contexte actuel, sont occultées.Bien entendu, il serait absurde de se voiler la face et de pas prendre la mesure des dangers qui menacent la planète économique mondiale. Oui, la croissance américaine ralentit. Oui, le baril à 100 dollars ne sera pas sans effets sur l’inflation et la croissance. Oui, les banques internationales n’ont pas fini de provisionner et de sortir des cadavres de leurs placards. Oui, les nombreuses bulles immobilières disséminées à travers le monde développé se dégonflent une à une. En d’autres termes, 2008 ne sera effectivement pas une bonne année tant en termes de croissance mondiale que de performances boursières et immobilières.
De là à imaginer que le système capitaliste va s’écrouler et que nous sommes à la veille d’une profonde dépression, il y a néanmoins un grand pas, que nous refusons de faire. Non par volonté d’optimisme obstiné, mais simplement par souci de réalisme et pour ne pas tomber dans le panurgisme habituel qui fait, il est vrai, le charme des marchés…En effet, il ne faut pas s’arrêter aux simples profit warnings lancés par certaines banques, il n’est pas non plus opportun d’exagérer la valeur prédictive de données d’enquêtes qui sont plus des indicateurs retardés qu’avancés de l’activité économique.Il faut, au contraire, souligner que de nombreuses évolutions réelles et pas seulement psychologiques sont loin d’être négatives, mais annoncent plutôt un rebond progressif de l’économie américaine et, par là même, une bonne résistance de la croissance mondiale, mais aussi des bourses internationales.Ainsi, pour ne parler que de la locomotive de la croissance mondiale depuis 1992, à savoir l’économie américaine, notons qu’en dépit des craintes formulées ici ou là, y compris par Ben Bernanke, qui a décidément énormément de mal à faire oublier son prédécesseur, le cercle vertueux de croissance (investissement-emploi-consommation) est toujours présent outre-Atlantique. Et pour cause : l’investissement des entreprises est en augmentation annuelle de plus de 5 % et restera sur une telle tendance sur l’ensemble de 2008 comme en témoigne la bonne tenue des carnets de commandes de biens d’équipement.Et ce notamment grâce aux liquidités élevées des entreprises et aux financements toujours importants en provenance des fonds de pension, deux réalités qui permettront de continuer à investir en dépit des difficultés bancaires.
Dès lors, en dépit des licenciements dans les banques et dans la construction, l’emploi continuera de résister et avec lui, la consommation. Et ce d’autant que la baisse des taux directeurs de la Fed passée et à venir, ainsi que le plan de relance fiscale de plus de 160 milliards de dollars ne manqueront pas de tirer la growth machine américaine vers le haut. De l’obscurité actuelle devrait donc bien naître la lumière.Une évolution similaire devrait également s’observer sur les marchés boursiers. En effet, de nombreuses entreprises cotées ont été massacrées en bourse alors que leurs résultats ont été bons, voire très bons. Dans ce cadre, elles deviennent des proies faciles et très rémunératrices pour des fonds en mal de rendements et qui ont un horizon de placement qui dépasse les six mois.C’est en cela que la crise financière que nous traversons actuellement fera le tri entre le grain et l’ivraie. Car si, pour un hedge fund, il est normal d’acheter une valeur le matin et de la vendre le soir, un tel comportement ne sied pas à des investisseurs institutionnels.
Dans un climat difficile pour les marchés et pour redorer le blason particulièrement terni de ces derniers, il est grand temps de montrer au monde que les marchés remplissent un double rôle économique : celui de la couverture contre le risque et surtout celui du financement de l’économie.Il serait triste que ce soient les fameux fonds souverains des pays dits émergents qui viennent nous le rappeler en investissant massivement dans des entreprises occidentales sous-valorisées tandis que les investisseurs des pays dits développés préfèrent se focaliser sur des placements sans risque. Ne l’oublions jamais : en économie et en finance, le vrai risque est de ne pas prendre de risque. Reste à savoir si les pays occidentaux ont encore l’envie et/ou le courage de relever le défi...
Marc Touati
Les alchimistes...
Connaissez-vous Nicolas Flamel ? Ce libraire de formation, né en 1330, est devenu célèbre en prétendant avoir découvert la pierre philosophale, le rêve de tous les alchimistes, celle qui permet de transformer les métaux non précieux en or. Cette chimère a hanté des générations d'alchimistes puis de scientifiques pour atteindre récemment... les financiers. Pour les financiers, la pierre philosophale, c'est la titrisation — un procédé inventé dans les années 70, qui permet de transformer les crédits que portaient les banques dans leurs bilans en obligations placées auprès d'investisseurs institutionnels. Ce procédé a relativement fonctionné pendant vingt ans. Avec les crédits immobiliers d'abord, puis dès 1985 avec les crédits automobiles ou encore les crédits à la consommation. Mais il y a cinq ans, tout dérape. Les banquiers se prennent pour Nicolas Flamel. Ils se sentent capables de transformer des crédits "pourris" en obligations de première catégorie. La pierre philosophale moderne sera un mélange d'ingénierie financière, avec un zeste de packaging marketing, une pincée d'une substance de "rehaussement de crédit", et un tampon des agences de notation. Et c'est le miracle. Les déchets se transforment en or ! L'or des commissions et des bonus. Tout aurait pu s'arrêter là. Nicolas Flamel est mort riche. On ne sait pas comment. Et l'histoire a retenu son nom. Comme alchimiste. Et pas comme imposteur. Seulement voilà... Faire croire à la pierre philosophale, c'est une chose. Finir par se convaincre soi-même qu'elle existe en est une autre. Et c'est ce pas qu'ont franchi nos alchimistes financiers. À force de vendre leurs déchets packagés (le terme politiquement correct est "produit structuré deuxième génération") à prix d'or, ils se sont convaincus que ces déchets s'étaient réellement transformés en or. Alors qu'ils vendaient les leurs à des investisseurs, ils achetaient simultanément ceux des autres ! L'histoire est vieille comme le monde, ancienne comme l'alchimie, classique comme une fable de La Fontaine... C'est celle de l'arroseur arrosé. Et finalement, la morale est sauve : "Tel est pris qui croyait prendre."Malheureusement, ce n'est pas si simple, car les excès de ces apprentis sorciers ont sapé les fondements mêmes de l'économie mondiale.
MARC FIORENTINO, PRÉSIDENT D'EUROLAND FINANCE